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Columns :: Chroniques
16 août 2009

"Ca porte malheur d'être aimé" (les mangeurs d'étoiles, R.GARY)

livresLes mangeurs d'étoiles, Romain Gary.

Le seul homme a avoir obtenu deux prix Goncourt. Gary ne sait faire que du Gary, protestait-on. Pour avoir lu quelques uns de ses romans, j'ai envie de vous dire que c'est lui qui m'a fait prendre conscience que le style devait s'adapter à l'histoire, et ne pas être forcément le reflet de l'écrivain. Dans Les mangeurs d'étoiles, le narrateur omniscient nous dévoile, sans artifice typographique, les pensées de chaque personnage en jonglant de l'un à l'autre. Leurs identités sont pourtant si bien construites que chacun est reconnaissable selon le style, le vocabulaire empruntés. Les descriptions des scènes déroulent face à nous un véritable film, riche en précisions qui ajoutent à l'image visuelle mentale que l'on se fait de la scène et de chacun. Par exemple cette scène où le "cabinet d'ombres" d'Almayo, en fuite, fait halte dans un paysage rocheux et noir. La narration passe comme un travelling sur chacun, s'y attarde, les dissèque délicieusement. Mais avec tout cela, j'en oubliais de vous résumer l'intrigue de ce roman qui vous amène, pour reprendre l'expression d'un ami qui l'a également lu, jamais là où on l'attend. Sept américains, dès l'incipit, sont piégés par José Almayo, Cujon devenu tyran en amérique latine, dans une stratégie qu'il élabore pour mettre le pays sans dessus dessous et se débarrasser le plus durablement possible de ses ennemis révolutionnaires. Parmi eux se retrouvent pris dans l'angoisse d'une exécution qui se diffère sans cesse : un évangéliste de renommée mondiale, un chercheur de talent dans le music hall, un jeune cubain sexuellement hors du commun, un ventriloque Danois (et sa marionnette), un jongleur Français, la mère et la fiancée du dictateur. Le livre nous promène dans ces temps de trouble, dépeignant l'image d'un tyran à la fois cruel et naïf, à la recherche du merveilleux et de l'extraordinaire des dieux de son peuple renversés par les conquistadores espagnols, et ayant choisi une voie comme une autre, finalement, pour y parvenir : parvenir à voir enfin quelque chose de véritablement extraordinaire. Les passions s'entrecroisent ici dans ce même but, car finalement, il n'y a pas que la mère de José, macheuse invétérée de feuilles de mastala, qui est une mangeuse d'étoile au sens propre. Tous sont animés par le même inatteignable objectif ... et, dans une atmosphère reniant tous les impératifs de nos cultures, nous approchons de plus près l'enjeu méthaphysique de cette histoire.

 

l_insoutenable_l_g_ret__de_l__treL'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera.

Un tout autre style. Pas d'idéal sous une grosse couche de troubles politiques. Mais des chapitres courts, un style simple et expressif, qui ouvre en nous des portes insoupçonnées sur notre propre compréhension. L'analyse des rapports humains y est très finement et précisemment exécutée, si bien qu'en chacun des personnages nous rencontrons un peu de ce qui nous fait. Un roman qui clarifie beaucoup de chose, du moins lorsqu'on sait le lire au moment adéquat de notre existence. Ici, les réflexions philosophiques, se basant sur des faits et théories réelles (même l'hisotire sur la mort du fils de Staline?) sont le point de départ à toute une réflexion (Parménide en toile de fond) sur l'amour et la relation à l'autre, ponctuée de théories élaborées sur le Kitch, la merde, le lien qui relie un être à l'eden ... le tout en suivant les relations amoureuses de quatre protagonistes : Tereza et Tomas, Sabina et Franz. Chaque couple, selon ses infidélités, ses trahisons, les pardons qu'il octroie et les séparations qu'il ose, tissent l'interressant portrait de différents types de rêveurs. Le mélange des réflexions et des faits est à jute mesure celui de nos vies, les incartades philosophiques n'étant en rien indigestes (bien au contraire, elles étayent juste suffisemment la réflexion). Un roman que je conseille vivement pour tout ce qu'il apporte.

 

A suivre : Qu'elle famille ! (Tom Sharpe), Le baron perché (Italo Calvino)

 

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